« Je n’ai pas d’obligation plus pressante que celle d’être passionnément curieux »

« Je n’ai pas d’obligation plus pressante que celle d’être passionnément curieux »

Passion
Génération virtuelle ? PDF Imprimer Envoyer
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Écrit par Nicolas SALVI   
Vendredi, 02 Janvier 2009 13:18

            A l’heure où la révolte de la jeunesse gronde en Grèce, il est intéressant de noter que le mouvement s’est amplifié grâce aux réseaux sociaux et particulièrement Hi-5 (concurrent de Facebook). En effet, la plupart des jeunes grecs sont sur ce réseau, et l’effet boule de neige a joué à plein, les amis de mes amis et même les amis de mes ennemis sont ainsi connectés et obtiennent la bonne information au bon moment. Ces événements et ces instruments sont symptomatiques d’une chose, la quête d’identité.

            L’apparition dans notre quotidien des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) a amplifié un mouvement sous-jacent qui tend à confondre la réalité et la virtualité. Loin d’apparaitre comme une crainte pour la majorité de la population, ces réseaux tendent à se développer de manière exponentielle. Facebook en tête. Cependant, il existe un paradoxe implacable entre une société qui s’élève avec véhémence et non moins d’évidence contre les fichiers de police, de justice et de renseignements et une société qui n’hésite pas à exposer publiquement sa vie privée, ses orientations sexuelles ou son appartenance politique. D’aucuns diront que l’on s’emploie à dévoiler sa vie uniquement à ses amis, la difficulté se déplace alors sur le terme « ami ». Des amis choisis, des connaissances ou des copains d’avant… Il s’agit avant tout de liberté(s), car le fichier Edvige devenu Edvirsp n’était-il pas à l’instar de Facebook, un nouveau Big Brother. De nombreux fichiers existent déjà, et sont avant tout présent pour protéger, c’est le cas du fichier des empreintes digitales, génétiques ou sexuelles. Notre génération semble être adepte voire « addict » d’une nouvelle forme de vie sociale, empruntant de nouveau codes, et se retrouvant aux confins de la vie privée. N’aurait-on pas affaire à Dr. Facebook et Mr Hi…-5 ? En tout état de cause, ces réseaux sociaux sont souvent des palliatifs à Cupidon, mettant en exergue notre désir relationnel, notre volonté de mise en contact. Or le contact n’est plus concret mais nolens volens virtuel pour la majorité des contacts. Il est indéniable qu’Internet est un accélérateur de rencontres. De nos jours, Etre, c’est être en réseau voire être connecté ou peut être est-ce avoir le maximum d’amis, posséder pour montrer voire démontrer aux autres. Un semblant de grégarisation est décelable dans nos comportements qui dans un monde de pipolisation rend chacun espion de la vie de l’autre. D’ailleurs, où est passé notre droit à l’oubli avec le Web 2.0 ? Enfin, chaque profil recherche la meilleure communication de soi-même, l’esthétisme. Le résultat consacre le royaume de l’individualisme, car une partie de notre génération ne cherche plus à s’identifier à une personne charismatique, il faut désormais rêver d’être important seul, sans avoir à suivre quelqu’un. Il ne s’agit plus de s’identifier mais d’être identifiable. Chacun revendique sa propre authenticité et démontre qu’il fait des choses emblématiques. Or la barrière de la diffusion est ouverte avec internet, ne laissant pas de répit à l’information de trop, car en effet même virtuellement il est question de réputation, dont chacun d’entre nous devrait avoir la maitrise.

            Ce phénomène global caractéristique d’une nouvelle génération qui oscille entre le réel et le virtuel, sans forcément en déjouer les chausse-trappes, repousse au fur et à mesure la vie privée voire l’intimité à la portion congrue. Loin de refuser ou renier ces nouveaux modes d’information et de communication, il s’agit de prendre conscience de l’impact de ce médium dans la vie quotidienne et des conséquences sur la vie publique de chacun. Ainsi le paraitre s’affranchit-il du bien être et de manière subreptice cette quête d’identité ne doit-elle pas inviter à réfléchir à l’identité qui est réellement reflétée. Pour ma part, un équilibre doit être opéré entre une connectivité offrant un cadre d’expression hors de toute pression sociale (en apparence ?) et une mise en péril de notre droit à l’intimité et ce bilan doit se faire en connaissance et en conscience.

 


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